La médecine physique et de réadaptation est une spécialité médicale qui a prouvé son utilité au niveau mondial, en matière de prise en charge et d'insertion sociale des personnes handicapées. C'est dans ce contexte, que le service de médecine physique et de réadaptation en collaboration avec le service d'oncologie médicale du Centre hospitalier universitaire (CHU) Hassan II organise, aujourd'hui, à la Faculté de médecine et de pharmacie de Fès, la deuxième Journée de médecine physique et de réadaptation sur le thème «La rééducation et la réadaptation oncologique». Avec une incidence nationale estimée à 35 000 nouveaux cas par an, le cancer ne cesse de prendre de l'ampleur au Maroc. Par ailleurs, les séquelles de cette maladie et les divers traitements ont des conséquences importantes sur la qualité de vie des patients, leur autonomie, leur vie sociale et leur réintégration professionnelle. Face à cette situation et comme l'affirme Pr Hajjioui, médecin au CHU Hassan II, spécialiste en médecine physique et de réadaptation et membre du comité d'organisation, les besoins en réadaptation sont très importants et il faut s'attendre à ce qu'ils augmentent au cours des prochaines années. «Ce constat alarmant justifie le choix du thème de la rééducation et la réadaptation oncologique pour cette manifestation en sa deuxième édition.
En effet, la réadaptation oncologique ne concerne pas seulement les patients qui bénéficient de longues survies ou qui sont guéris, mais s'étend à tout le spectre de l'évolution de la maladie pour inclure les patients en cours de traitement à visée curative, ceux qui vivent avec une maladie avancée et les patients en fin de vie», explique-t-il.
Et d'ajouter, «cette rencontre scientifique sur la réadaptation oncologique, organisée pour la première fois au Maroc et même au Maghreb, permettra à notre pays d'être parmi les pionniers mondiaux dans le domaine de la rééducation et la réadaptation des patients cancéreux. Elle permettra également d'établir des recommandations portant sur la prise en charge des patients cancéreux à la phase de rééducation, de réadaptation et de réinsertion». Réunissant des enseignants et des chercheurs français et marocains, impliqués dans la prise en charge de personnes atteintes de pathologies oncologiques aux divers stades de la maladie, cette journée constitue ainsi, l'occasion de faire le point sur les données scientifiques récentes et la situation internationale de la rééducation et la réadaptation oncologique et de mieux connaître les divers réalisations et projets dans les différents pays, pour parvenir à un concept commun entre l'ensemble des acteurs concernés.
Le défi à relever pour Pr Hajjoui, est de parvenir à ce que la rééducation et la réadaptation oncologique fassent partie intégrante de la prise en charge des patients oncologiques aux différents stades de la maladie. «Le point de départ est une évaluation globale permettant de mettre en évidence les besoins en termes de rééducation et de réadaptation, et de proposer des programmes coordonnés adaptés, stationnaires ou ambulatoires. Il importe que le développement de la réadaptation oncologique se fasse dans un souci de continuité et de cohérence des soins, en fonction des besoins des patients, sans créer de frontières artificielles entre soins de support, soins palliatifs et réadaptation», indique-t-il.
La médecine physique et de réadaptation est une spécialité médicale émergente et très peu connue dans notre pays. Elle a pour principale cible toute situation pathologique pourvoyeuse de handicap physique et/ou mental. Au niveau de la région Fès-Boulmane, qui compte plus de 1,5 million d’habitants, 80 000 personnes handicapées nécessitant une prise en charge en médecine physique et de réadaptation. Cette région dispose de trois médecins spécialistes en médecine physique et de réadaptation, un professeur assistant, un spécialiste dans le secteur public et un spécialiste dans le secteur privé. Le Centre hospitalier provincial dispose de quelques lits d’hospitalisation (une dizaine), et d’une équipe mobile composée de 15 kinésithérapeutes, ce qui demeure toutefois, très insuffisant pour répondre aux besoins des personnes handicapées au niveau de la région, en matière de médecine physique et de réadaptation.
المورد / المصدر : Afaf Razouki, Le Matin